NANTES ; 15 avril 1997, Hôtel Dieu. Louise De Bazelaire voit le jour, entourée par ses parents, Anne et Antoine. Fille unique, Louise est un bébé miracle, qui n'était plus attendu. L'enfant grandit dans un environnement très agréable grâce à la situation confortable de sa famille ; en effet, la famille De Bazelaire s'est imposée depuis quelques années dans le monde des finances et de génération en génération, la lignée a réussi à amasser une coquette somme d'argent. Très jeune, Louise se met à la danse classique, qui deviendra une véritable passion pour elle. Ses parents sont derrière elle, parfois un peu trop, poussant toujours plus loin leur progéniture, voulant la voir atteindre un niveau d'excellence. La petite blonde, quant à elle, fait toujours son maximum pour plaire à ses parents, quitte à mettre de côté ses amis et ses loisirs. Au fur et à mesure, elle s'éloigne du reste du monde pour se consacrer entièrement à la danse, un peu à contre cœur.

PARIS ; « Allez Louise, un peu de concentration ! » La jeune femme met la tête en arrière, soufflant. Cela fait huit fois qu'elle refait le même exercice, sans jamais le réussir parfaitement. Elle a dix sept ans et toute la grâce du monde ; mais la technique n'est pas toujours au rendez-vous et ses parents ne s'embêtent pas pour le lui rappeler tous les jours. Louise travaille d'arrache pied, ne sort pratiquement plus, alors qu'elle vient récemment d'emménager dans la capitale. A part quelque personne, elle ne connaît pas grand monde, elle ne prend pas le temps de s'intéresser aux autres, elle ne peut pas. Elle doit danser, encore et encore. Pourquoi ? Parce que ses parents ont fait en sorte qu'elle rejoigne l'école de l'opéra de Paris. Un joli chèque, peut-être même un agrandissement et le tour est joué. Louise fait de son mieux, mais ça ne suffit pas toujours, malheureusement. Sans l'influence de ses parents, elle ne serait pas arrivée en première division. « Je fais de mon mieux... » Elle se replace à la barre et inspire profondément avant de recommencer, une nouvelle fois. Les minutes passent et le cours se termine. Louise décide de rester encore une heure ou deux pour s'entraîner. Un jour, elle finira par se faire mal, mais elle ne doit pas s'arrêter, elle doit rattraper son petit retard. Alors qu'elle fait un déboulé, elle est déconcentrée par un bruit sourd. Elle s'arrête brusquement et remarque un jeune homme qui ramasse un balais. « Désolé, je te regardais et je n'ai pas vu le temps passer. » Louise enfile son châle, comme gênée dans son intimité. Le garçon se redresse, son balais à la main. « Je suis nouveau ici. Homme de ménage, pas très glorieux, je le reconnais. » Il rigole légèrement. Louise se rapproche lentement, n'ayant pas vraiment l'habitude de se sociabiliser aussi vite. « Y'a du boulot alors. » Elle sourit, referma son châle à l'aide de ses bras. Il hoche la tête en regardant autour de lui. « Comment tu t'appelles ? » « Louise. » Il sourit à son tour. « Je suis Matthieu, enchanté. »

« Alors ? Je me suis améliorée ? » Louise éteint la musique, un sourire fier dessiné sur son visage. Assis près de la porte, Matthieu hausse les épaules. « Je n'ai pas vraiment de connaissance technique niveau danse, mais c'est vraiment super. Je pourrais même pas faire la moitié du quart de ce que tu fais. » Louise s'avance et s'installe en tailleur à côté de lui. « Et en faire, de la danse, ça te dirait ? » Matthieu éclate de rire, manquant de s'éclater l'arrière du crane contre le mur. « Oh la la, non. Puis faut commencer tôt, c'est trop tard pour moi. Et n'oublie pas, je suis un très bon balayeur. » Elle rigole à son tour et défait son chignon. « C'est vrai, c'est impeccable depuis que tu as rejoint l'équipe. » Elle baisse légèrement la tête, jouant avec les liens de son chausson. « Ça va ? » Matthieu l'interroge du regard, elle hausse les épaules. « C'est ma dernière année et je n'ai toujours pas rattrapé le niveau des autres. Mon père a beau payer, mais ça ne suffit pas. Je crois bien que je ne rejoindrai pas les rangs des danseurs de l'opéra. » Elle relève la tête, posant ses yeux sur le visage de Matthieu. Elle qui avait toujours eu du mal à se lier aux autres avait trouvé un ami de choix en sa personne. Jusqu'à ce qu'elle tombe amoureuse de lui. « Tu t'entraînes en permanence, je suis sûr que ça ira. Je ne vois aucune raison qui t'empêcherait d'en faire partie. » Louise lui sourit ; un sourire qui vaut mille merci. « Il est tard, je dois y aller. On se voit demain ? » Matthieu hoche la tête de haut en bas et se relève, avant d'aider Louise à faire la même chose. Elle dépose un baiser sur sa joue et part en vitesse, voulant éviter son regard.