• Parle couramment l'anglais le français et le polonais (sa langue maternelle), mais garde néanmoins un fort accent polonais lorsqu'elle s'énerve ou dans des moments de stresse intense.• A une petite fille de quatre ans, Anya, qu'elle a eu avec son dernier mari, Robert Abbott • Sa fille rêverait de prendre des cours de danses, mais elle le lui interdit formellement. Un choix purement égoïste, car Elvira sait que ça lui ferait trop mal de voir sa fille réussir là où elle a échoué.• Elle est maniaque et au premier abord, elle peut sembler froide et cynique.• Elle n'aime pas les animaux, car ils la mettent mal à l'aise.• Elle a peur de remettre les pieds en Pologne, car se serait prendre le risque de croiser son premier mari.• Elle n'a plus de contact avec sa famille.• Elle fumait occasionnellement et a complètement arrêter lorsqu'elle est tombée enceinte.• Récemment elle est tombée en dépression• Elle a l'impression qu'elle a foutu sa vie en l'air.• Elle aimerait pouvoir remonter le temps et vu que cette option est irréalisable elle a commencé à mener une double vie.• Elle a conscience que la chose la plus raisonnable à faire serait de divorcer, mais elle ne veut pas envisager cette solution de peur de faire du mal à sa fille.• Elle n'est pas très bavarde• Elle est en revanche plutôt maladroite, c'est d'ailleurs ce côté maladroit qui la rend plus "humaine" et plus "sympathique" aux yeux de ceux qui ne la connaissent pas.• Elle ne sait pas conduire• Elle est gauchère• Elle a un smartphone qu'elle ne sait pas utiliser.• C'est une inculte cinématographiquement parlant• Elle adore lire, si bien qu'elle achète une tonne de livres qu'elle ne finit jamais, par manque de temps et/ou de patience.• Elle n'apprécie pas sa belle-fille, car au fond d'elle, elle la jalouse. Cette sale gamine est douée et aurait pu aller loin si elle n'avait pas arrêté après la mort de son fiancé.• Elle n'aime pas les glaces parce qu'elle ne sait jamais quand c'est le bon moment pour en manger• Elle déteste bronzer au bord d'une plage, en revanche c'est une vraie fashon addict. Faire les magasins c'est son "truc", et lors de ces virées shoppings, Robert la suit toujours partout avec un air dépité qu'elle trouve adorable• Sa couleur préférée est le pourpre• Elle n'aime pas les fleurs, ça la déprime car ca fane trop vite et ça lui rappelle que tout est éphémère.• Elle trompe son mari depuis trois mois avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle.  

Des applaudissements, un sourire et un geste fluide de la main saluant ce public. Mon public. Mon coeur battait la chamade et je savourais chacun des pétillements que ces applaudissements provoquaient tout au fond de mon être. Je sentis la main de mon partenaire s’emparer de la mienne et nos doigts liés nous levions nos bras au ciel avant de saluer une dernière fois notre public d’une gracieuse révérence. Le rideau tombe. Les étoiles disparaissent mais j’ai toujours l’impression de planer. Overdose d’adrénaline et de fierté. Cette représentation a presque été parfaite. Mais elle ne le sera jamais réellement. Igor dépose ses lèvres sur ma joue avant de me dire ces quelques mots qu’il me répète après chacune de nos représentations. « Tu as été parfaite Lisa. » J’éclate de rire avant de baisser les yeux. De la gêne… Non pas vraiment, juste de l’amusement. Entre Igor et moi, aucune gêne n’existe. Nous dansons ensemble depuis plus de six ans et nous nous connaissons depuis notre tendre enfance. C’est mon ami d’enfance, mon partenaire de danse, une sorte de psy et depuis peu, mon amant. Tout semble parfait. Comme si nous avons enfin trouvé notre équilibre. Notre tempo sur lequel nous pouvons danser en toute liberté sans jamais commettre de faux pas.  

Je rejoignais ma loge et assise devant la coiffeuse, je commençais à me démaquiller. Mes yeux ne lâchaient pas mon reflet tandis que mes mains parcourraient avec habitude le moindre des recoins de ma peau qui avait été recouvert par ce fond de teint. Un fond de teint qui me faisait littéralement ressembler à une poupée de porcelaine. Quelqu’un toqua à la porte et sans attendre une réponse de ma part, l’ouvrit. «  Il y a un journaliste anglais qui aimerait nous interviewer. Je lui ai dis oui. Tu viens ? » « Maintenant ? Non c’est pas possible. On ne peut pas faire l’interview demain ? » Igor, agacé leva les yeux au ciel avant de s’accroupir devant moi et de poser délicatement ses mains sur mes genoux. « Demain il sera sûrement reparti et si tu joues ta diva… Il n’aura plus envie de nous interviewer. Tu veux être connue et reconnue ? » Muette j’hochais la tête, d’une certaine manière amusée par son petit numéro. «  Alors lève ton petit cul de cette chaise et allons répondre aux questions de ce type. On va apparaître dans un journal étranger ! Tu te rends compte ? » Son enthousiasme était contagieux et sa joie palpable était tout bonnement hilarante. Je m'étais laissée entraînée comme à chaque fois, faisant confiance aux lubies d'Igor sans me douter qu'un jour ces lubies courrons à notre perte.


Je supportais de moins en moins sa compagnie. À chacune de ses paroles, un noeud se nouait à mon estomac. Il m’agaçait, m’exaspérait. Chacun de ses baisers étaient une torture et je repoussais toujours plus difficilement l’envie de vomir lorsque ses mains se posaient sur mon corps toujours plus maigre. Je ne pouvais plus manger. Trop occupée à fuir mon propre mari. Lorsqu’il rentrait, je partais. Lorsqu’il sortait, je revenais. Un chassé-croisé incessant qui nous rendait fous. Qui nous rongeait l’un l’autre. J’avais rencontré Dimitri trois ans plus tôt à l’une des soirées organisées en l’honneur de quelques danseurs prestigieux de Pologne. Igor et moi c’était finis depuis longtemps, notre amour avait été victime de notre succès. Se voir au travail et à la maison était insoutenable, on avait fait un choix : On ne se verrait qu’au travail.  J’ai donc naturellement fondu devant le charme et les belles paroles de Dimitri, ignorant le monstre qu’elles dissimulaient. Un homme violent, possessif et calculateur.

J’étais devenue l’ombre de moi-même. L’esclave de cet homme auquel je m’étais donnée naïvement. Je n’avais plus le droit de sortir de notre petit appartement de Varsovie en dehors de mes heures d’entrainement. J’étais espionnée et pistée… Et pourtant, chaque jeudi je m’accordais un écart. Une petite course à pieds en solitaire… Mais pour lui c’était déjà trop. Un jeudi de décembre trois hommes m’attendirent sur mon chemin habituel. Ils me firent sortir du sentier et me passèrent à tabac gratuitement. J’entends encore mes os se briser… Mes cris strident raisonner sans que personne ne m’entende. Ou n’ose m’entendre. Je ne sais combien de temps je suis restée couchée sur le sol. Les yeux fermés, tentant d’étouffer en vain des sanglots qui semblaient inétouffables. Puis une mains tremblante se posa sur mon épaule et c’est avec toute la peur du monde que je relevai les yeux sur celui qui allait être mon sauveur. Un homme plus âgé que moi, qui ne parlait pas un mot de Polonais… Il appela les urgences et resta à mes côtés jusqu’à ce que ma famille…Ou plutôt Dimitri arrive. Ces quelques heures avec lui furent une réelle bouffée d’oxygène. C’était comme si cet homme venait de me réapprendre à respirer… Comme si je venais de découvrir qu’il n’y avait pas que Dimitri et moi dans ce monde. Lorsque mon ignoble mari arriva, l’Anglais s’exclipsa et déjà mon souffle recommençait à être court. Les seuls mots que mon mari me susurrèrent furent : « Au moins avec les jambes brisées tu ne courras plus et tu danseras encore moins. Plus d’excuse pour sortir de la maison et aller voir ailleurs » Mes yeux s’exorbitèrent tandis que je sentis des larmes couler de nouveau sur mes joues. « C’est…C’est toi qui les avais envoyé ? » Il ne répondit jamais. Pas besoin. On savait.

L’Anglais me rendis d’autres visites à l’hôpital. La première fois avec des fleurs… Et lorsqu’il vit mon mal-être il se débrouilla avec son smartphone pour se faire comprendre via google-traduction et me demander ce qui n’allait pas. Comment ne pas succomber au charme d’un homme si attentionné et désintéressé ? Du moins, à l’époque il semblait désintéressé. Le lendemain, il est revenu avec un énorme ours en peluche, pour se faire pardonner des fleurs de la veille. Et au fur et à mesure nous apprenions à nous connaitre, tout en apprenant à communiquer.
C’est à Robert que je racontai pour la première fois l’enfer que je vivais…Et c’est Robert qui m’aida à faire les démarches pour divorcer. Je ne pouvais plus danser, mais j’étais enfin libre…Ce qui est paradoxal puisque toute ma vie j’ai cru que la danse m’offrait ma liberté. La danse c’était ma liberté dans une cage dorée.

Malgré le divorce, Dimitri n’a jamais réussi à comprendre qu’il n’avait plus de droit sur moi et son obstination accéléra paradoxalement les choses entre Robert et moi. Mon Anglais me proposa de le rejoindre dans son pays natal. Là où Dimitri ne pourra plus m’atteindre. J’acceptai. Désormais cela fait cinq ans que je suis madame Robert Abbott et quatre ans que nous partageons notre vie avec notre petite princesse. Tout semble parfait, même si de nombreuses mauvaises langues doutent de la sincérité de mes sentiments à cause de notre différence d'âge... Durant cinq ans j'ai revendiqué ma sincérité et pourtant, aujourd'hui je doute de moi-même. C'est horrible ce sentiment. C'est horrible de se rendre compte qu'ils avaient peut-être finalement raison.


Un baiser sur la joue de ma princesse qui gémit encore fatiguée de la veille. Elle a de légère cernes sous les yeux et je souris avec attendrissement lorsque ses petites mains viennent frotter avec molasse ses yeux. Encore une fois, hier soir je n’ai pas été là pour lui souhaiter la bonne nuit… Et ce matin, je ne pourrai pas attendre qu’elle se lève pour lui dire bonne journée. J’ai honte. J’ai honte parce que contrairement à ce que je dis à mon mari, ce n’est pas mon travail qui me prend autant de temps, mais mon amant… J’aimerais que les choses soient autrement. J’aimerais être une femme honorable et fidèle mais pour cela, il faudrait que je me sente bien. Bien dans mon couple. Bien dans ma peau. Je me sens vieillir et lorsque je regarde Robert de quatorze ans mon ainé, je ne peux m’empêcher de me projeter dans un futur proche. Chacune de ses rides, deviendront bientôt les miennes. Cette graisse qui s’accumule et qui peine à disparaître apparaîtra certainement aussi sur mes hanches… Et j’avoue, ça me fait peur. Je ne veux pas vieillir. Je ne peux pas vieillir. Parce que je n’ai encore rien fais de ma vie. Je n’ai pas vécu. J’ai besoin de vivre. De recommencer quelque chose de nouveau, de vivre de nouvelles aventures et de faire de nouvelles folies. L’une de ces folies est cet homme. Presque dix ans mon cadet. Il est beau, il est jeune… C’est ma fontaine de jouvance. Chaque minute partagée avec lui me font rajeunir de plusieurs années. Il me fait rire. Il me fait vibrer… Comme Robert ne le fait plus depuis bien longtemps. Je sais que ça ne durera pas. Mais je veux profiter de chacun de ces moments. Les savourer. Et oublier que le temps court et qu’il me rattrapera un jour.

Il est minuit passé. La voiture s’arrête et mon amant se penche pour rencontrer mes lèvres une dernière fois. Je m’enivre de sa jeunesse avant de détacher furtivement ma ceinture et d’ouvrir la portière. «  Je t’appelle ? » «  Non non, je le ferai ! » m’empressai-je de répondre. Il me sourit satisfait avant de me complimenter niaisement sur ma beauté. Je referme la portière en souriant et regarde la voiture s’éloigner. Mes yeux s’embuent de larmes et déjà je les sens perler mes joues ivoires. Comme à chaque fois. Non je ne pleure pas parce que je quitte mon amant. Je pleure par culpabilité. Je pleure parce que le blues prend de nouveau par de mon être. Parce que je suis misérable. Parce qu’un jour cette voiture ne reviendra plus et surtout, un jour je finirai par tout perdre. J’en suis consciente… Mais je ne peux pas arrêter de jouer avec le feu. À croire que j’aime me bruler.